mercredi 12 décembre 2018

Histoire des mathématiques (5) : La fabuleuse machine d’Anticythère

Cette machine d’Anticythère n’en finit pas de nous étonner. Sa complexité est telle qu’immédiatement après sa découverte certains esprits très imaginatifs crurent qu’ils s’agissait d’un artefact extraterrestre. Rien que ça! Aujourd’hui, la firme Hublot rend hommage au génie grec qui fut à la base de l’horlogerie suisse et jurassienne. Les astrolabes arabes sont des copies du premier calculateur mécanique grec La découverte d’astrolabes arabes mécaniques par les archéologues anglais suscitèrent des questions et certains se mirent à imaginer que la palabre arabe qui invente monts et merveilles pourrait avoir ne fût-ce qu’une once de réalité. Ils oublièrent très vite les racontars que les marchands arabes firent pour faire monter artificiellement le prix de l’encens en racontant des histoires invraisemblables où le fils du négociant avait dû franchir des montagnes infranchissables, combattre des animaux féroces dans des forêts éloignées seul endroit où on pouvait trouver le produit tant recherché. La découverte plus récente d’un calculateur mécanique au large de l’île d’Anticythère, conçu par les Grecs sur base des travaux de Geminos et d’Hipparque et bien plus ancien que les astrolabes mécaniques arabes a complètement détruit le mythe d’une civilisation glorieuse arabe qu’essaient encore de véhiculer certains propagandistes. La machine d’Anticythère est d’une complexité telle que son fonctionnement est encore étudié aujourd’hui alors que les astrolabes arabes qui s’en sont inspirés sont beaucoup plus simples. La production de rouages formait une activité industrielle non négligeable dans la Grèce romaine et fut à l’origine des premiers automates conçus par les Juifs et les Romains byzantins, en Sicile notamment. Les légendes arabes Sur le net, on voit fleurir une multitude de sites annonçant que les Arabes auraient tout inventé, influencés qu’ils auraient été par des « esprits » ou des entités surnaturelles imaginaires, les djinns, ou n’existant que dans le monde des rêves. Cela suscite bon nombre de réactions [1]. C’est oublier un peu vite le côté « racontar » des populations arabes. Ils auraient été les premiers à faire de l’aviation! En réalité, un casse-cou un peu ivre de chicha s’est jeté du haut d’une tour en ouvrant son manteau croyant pouvoir voler et s’est tué à la tâche. Mais les légendes arabes, qui évoquent les tapis volants, parlent ici de « miracle » et de manteau ayant permis de voler et donc de « manteau volant »! Laissons toutefois à César ce qui lui appartient. Comme apport scientifique important notons toutefois le rejet de l’astrologie comme science et la construction des premiers observatoires astronomiques en Perse sous occupation arabo-musulmane. Le mythe de l’Age d’Or de l’Espagne mauresque Certains auteurs, comme Ibn Warracq [2] (page 291), ont évoqué le mythe de l’âge d’or de l’Espagne mauresque, mythe créé au Moyen-Age par des populations hébraïques pour souligner leurs conditions précaires dans l’Espagne Reconquise. Et c’était pour oublier qu’elles furent contraintes de se convertir à l’islam ou de porter la rouelle (disque jaune, véritable ancêtre de l’étoile jaune de sinistre mémoire) et d’être persécutées par cette religion [2]. Lors de la Reconquête (Reconquista), les Hébreux d’Andalousie s’installèrent en Afrique du Nord en imaginant un monde mythique, refuge de l’esprit face à l’oppression des Espagnols (et de l’Inquisition) qui les assimilèrent à des alliés des Arabes. La transmission à l’Occident du savoir grec par les traducteurs romains byzantins L’intellectuel palestinien Saqr Abou Fakhr [3] remet en question l’idée que l’Occident ne serait pas sorti des ténèbres sans Averroès et Ibn Khaldoun. Il affirme que « la majeure partie des écrivains nationalistes arabes et des romanciers musulmans continuent de perpétuer l’idée d’une ancienne civilisation glorieuse et incontournable ». L’idée reçue comme quoi ce sont les Arabes qui ont transmis à l’Occident le savoir des Grecs et des Romains a été battue en brèche par des études sérieuses à ce sujet[4]. Ce sont bien les moines romains byzantins revenus de Constantinople qui ont transmis à l’Occident les connaissances de l’Antiquité. Les Arabes n’ont fait des traductions que dans le sens Grec vers Arabe en croyant erronément que la connaissance donne le pouvoir et le but était clair dans le monde arabo-musulman moyenâgeux de s’approprier le pouvoir d’autrui. Article paru dans Le Club de Sept Info Références [1] Forum kabyle, http://www.kabyle.com/forum/non-les-arabes-nont-pas-invente-lalgebre [2] Ibn Warracq, Pourquoi je ne suis pas musulman, L’Age d’Homme, 1999 [3] Saqr Abou Fakhr, Non, l’Occident ne doit rien aux Arabes, Le Courrier International, 29 juillet 2004 [4] Sylvain Gougenheim, Aristote au Mont-Saint-Michel, Seuil, Collection L’Univers Historique, 2008

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